Surnommé «Pays de la Teranga» (« hospitalité » en wolof), le Sénégal est sans doute le pays d’Afrique de l’Ouest le plus facile d’approche pour un premier voyage dans la région. Néanmoins, un minimum de préparation est essentiel pour apprécier pleinement la richesse de sa culture.
Un premier voyage au Sénégal peut dérouter. Même après plusieurs séjours, il m’arrive encore de m’étonner devant certaines scènes du quotidien de ce pays où près de 95% de la population est musulmane et où les mœurs sont bien différentes de celles du Québec.
Mariée à un Sénégalais depuis 23 ans, j’ai eu l’occasion d’apprendre à connaître son coin de pays natal, la Petite Côte, de l’intérieur avant d’aller explorer d’autres régions avec mon regard de touriste. L’accueil légendaire des Sénégalaises et Sénégalais, les paysages grandioses de bord de mer et les multiples couches de son histoire font du pays natal de Boucar Diouf une destination unique, fascinante et envoûtante.
L’incontournable capitale, Dakar

Dakar est généralement le point de départ de vacances au Sénégal. Prendre part à une visite guidée de la ville s’avère une bonne idée pour prendre ses repères.
Sur la colline des Mamelles, sur la presqu’île du Cap-Vert, l’étonnant Monument de la Renaissance africaine s’est hissé parmi les lieux touristiques les plus visités depuis son inauguration en 2010. Du haut de leurs 52 mètres, un homme musclé, une femme et un enfant regardent vers le ciel. Érigé pour symboliser l’émergence du peuple des cendres de la colonisation et de l’esclavage, le monument initié par l’ancien président a tout de même reçu de nombreuses critiques, à commencer par son coût exorbitant : 12 milliards de Francs CFA (près de 30 millions de $ CDN). La cathédrale Notre-Dame-des-Victoires (aussi appelée Cathédrale du Souvenir africain), plus grande église de Dakar, la Divinité de la Mosquée, à Ouakam, sur la Corniche-Ouest, et la plage de Ngor font partie des autres lieux les plus populaires.
Ce que je préfère à Dakar? Me perdre dans ses marchés. Peu importe leur taille, ils offrent selon moi le meilleur condensé de la culture sénégalaise. Accrochez-vous, toutefois, parce que tous vos sens seront bombardés! Il faut aussi se préparer aux sollicitations constantes et insistantes. Le mieux est de s’y rendre en compagnie d’une personne sénégalaise qui pourra vous aider à naviguer dans l’art de la négociation.
Le Musée Léopold Sédar Senghor, maison du premier président sénégalais et écrivain, fait partie de mes coups de cœur dakarois. J’ai aussi un faible pour le quartier du Plateau, où l’on trouve de nombreuses galeries d’art, dont Quatuor Zerohuit, identifiée par un simple logo près de la porte et Hoop Galerie.
L’une de mes adresses favorites: l’hôtel Djoloff (environ 150$/nuit) qui abrite aussi un restaurant au 3e étage parfait pour se poser après une journée d’exploration. Bien que j’apprécie les grands bains de culture, un cocon confortable me permet de mieux composer avec leur intensité. Le petit déjeuner servi sur le toit et la machine à espresso ne nuisent pas non plus à mon bien-être!
L’un de mes restaurants préférés, le Noflaye Beach, dont France Gall a jadis été copropriétaire, se trouve sur la corniche des Almadies. On y mange des délicieux poissons et fruits de mer avec un point de vue exceptionnel sur l’océan. Des écoles de surf se trouvent à proximité.
À faire absolument, l’Île de Gorée


À une trentaine de minutes en bateau de Dakar, l’île de Gorée, centre de commerce d’esclaves de la côte africaine du XVe au XIe siècle, est à visiter absolument. Si la beauté époustouflante des paysages de l’île saisit, c’est du destin tragique des nombreux esclaves qui y ont transité dont on se souvient surtout en la quittant. Je vous défie de garder les yeux secs en pénétrant dans la maison des esclaves. Ce sera sans contredit un moment fort de vos vacances au Sénégal.
Où voyager au Sénégal pour un séjour d’une semaine à dix jours
À moins d’une heure de Dakar, Toubab Dialao, à l’extrémité sud-est de la péninsule arabique dans la région de la Petite-Côte, séduit par ses falaises spectaculaires, ses plages et un certain esprit bobo. L’arrivée d’artistes dans les années 1980 a transformé ce village de pêcheur en lieu d’art vivant. Entre ciel et mer, on découvre un lieu où cohabitent art, traditions et conscience environnementale.
Pour les petits budgets, l’espace Hôtel Sobo Bade, qui semble sortir d’un livre de contes, peut être une bonne option. Rudimentaire, l’endroit mise sur l’art et de nombreux ateliers y sont proposés.
À Mbodienne, l’auberge Plein Soleil se trouve à deux pas d’une lagune qu’il suffit de traverser pour retrouver la mer. J’aime m’y poser pour son calme et lire tranquillement dans la piscine après un après-midi à la plage. On peut y dormir pour une cinquantaine de dollars la nuit.
Si vous cherchez plutôt le confort à l’occidentale, une plage où lézarder tranquillement et une certaine effervescence, Saly, aussi sur la Petite-Côte, vous conviendra peut-être davantage. Certains établissements y proposent la formule tout compris.

Le lac Retba – ou lac Rose – intrigue par sa couleur tantôt très vive, tantôt plutôt terne, causée par la présence d’une algue. Deux éléments sont nécessaires pour que son eau salée rosisse : le soleil et le vent. Très touristique, le site peut rebuter si l’on se rend dans les secteurs les plus populaires en haute saison touristique. Lors de ma seconde visite, une douzaine d’années après la première, en pleine cohue, j’ai choisi d’aller au Gîte du lac, qui se définit comme un «campement de charme» en retrait de l’agitation. J’ai profité d’une balade en pirogue en fin de journée, quand la plupart des touristes sont rentrés à Dakar. Rien à voir avec ma première escapade!
À une quinzaine de kilomètres de Saly, la Réserve de Bandia est l’occasion de voir buffles, zèbres et girafes à travers les baobabs. Ne vous attendez toutefois pas aux safaris d’Afrique du Sud ou de Tanzanie : il s’agit d’une petite réserve d’animaux sauvages qui se visite en environ deux heures. Sympathique malgré tout!
Avec un peu plus de temps: le Sine Saloum

Pour une plus grande immersion culturelle, le Sine Saloum est à considérer. Classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco, le parc national du delta du Saloum nous fait rapidement oublier les klaxons et l’odeur des pots d’échappements de la capitale. On y découvre l’un des écosystèmes les plus riches au monde.
S’il est plus simple de se déplacer dans la région en recourant aux services d’un chauffeur pour aller d’un endroit à l’autre, il s’avère très facile d’organiser des excursions depuis les hôtels des principales villes de la région, comme Toubakouta ou Sokone.
Accessible en pirogue, l’île-cimetière Dioron Boumak, mieux connue sous le nom d’«île aux coquillages», fascine pour ses tumulus constitués d’amas de coquillages. On y dénombre 28 sites funéraires présentés sous cette forme. Impossible d’oublier le coucher de soleil admiré ce soir-là, avec les cris, les chants et les battements d’ailes de centaines d’oiseaux.
Bon à savoir pour préparer son premier voyage au Sénégal



Vous l’aurez compris: le Sénégal ne se visite pas à toute vitesse avec une liste de choses à cocher. S’il est important de bien se préparer, mieux vaut malgré tout ne pas tout planifier au quart de tour et lâcher prise devant les imprévus – il y en a toujours. C’est en laissant porter par les rencontres, en oubliant sa montre et en se collant au rythme local que la magie opère.
Est-il prudent de voyager au Sénégal?
De façon générale oui, dans les stations balnéaires et lieux touristiques. Il reste toutefois important de s’informer adéquatement selon les secteurs que l’on souhaite visiter. Prenez le temps de bien vous renseigner à propos de la culture, mais aussi de la sécurité. Le site du Gouvernement du Canada, voyage.gc.ca, est un bon point de départ. Par ailleurs, faire affaire avec une agence de voyage qui connaît bien le pays vous permettra un atterrissage plus en douceur.
Quelle est la saison des moustiques et quels vaccins sont recommandés?
Juin à octobre est le moment de l’année où il y a le plus de moustiques… et de risque élevé d’exposition à la malaria et au paludisme. Comme il n’existe pas de vaccin contre ces maladies transmises par des bestioles volantes, le meilleur moyen de se protéger est de se couvrir et de s’asperger de chasse-moustiques. Je vous recommande fortement de consulter votre médecin ou votre pharmacie pour vous faire prescrire un antipaludéen.
Personnellement, je ne partirais jamais sans m’être assurée que mes doses de rappel de vaccins sont à jour et que j’ai en ma possession les médicaments de base, dont un antibiotique puissant. Tenez-vous le pour dit: le coût des vaccins est onéreux.
Dans tous les cas, ne négligez ni les assurances, ni votre santé.
Quoi manger au Sénégal?
- À base de riz, de légumes et de poisson, le Thiéboudiène (ou Tiep bou dièn) est le plat national du Sénégal. Il est même inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis la fin de 2021!
- Deux grands favoris de la plupart des touristes, outre les poissons grillés et les crustacés: le poulet yassa, avec oignons et citron, et le mafé, avec une sauce d’arachides.
D’ailleurs, traditionnellement, les repas se prennent dans un grand bol commun. On mange avec la main droite ou avec une cuillère. Rassurez-vous: on sert des portions individuelles avec ustensiles dans les restaurants.
D’autres conseils pour savoir comment organiser et apprécier son voyage
- La notion du temps est bien différente au Sénégal. Les retards font partie du quotidien.
- La colonisation a laissé des traces profondes et encore douloureuses. Une personne blanche et francophone sera rapidement associée à la France. Quand on précise qu’on vient plutôt du Québec, on sent généralement tout de suite une plus grande ouverture.
- Pour apprécier votre voyage, laissez vos lunettes occidentales à la maison. On plonge ici dans un tout autre monde. Mieux vaut l’aborder avec ouverture et respect plutôt que comparer constamment avec le Québec ou d’autres destinations visitées précédemment.
- De façon générale, les religions cohabitent bien au Sénégal. Il n’est pas rare de voir des Chrétiens célébrer des fêtes musulmanes et vice-versa, même si le port de signes religieux fait débat là-bas aussi.
- Conduire peut prendre des allures d’aventures rocambolesques au Sénégal et pas seulement parce que l’état de certaines routes nous amène à relativiser celui des nôtres. Les règles y semblent souvent aléatoires. Il n’est pas rare que des gendarmes soutirent quelques billets de Francs CFA lors de contrôles routiers. On ne s’étonne pas que la location d’une voiture avec chauffeur convienne mieux à plusieurs!
- N’oubliez pas de négocier, surtout dans les marchés!