L’Alsace me déstabilise. Elle m’intrigue aussi. Comme un roman volumineux au titre compliqué qui à la fois intimide et donne envie d’y plonger. Vous savez, cette brique qui nous fait de l’oeil mais dont on retarde la lecture? Les noms imprononçables de ses grands crus y sont sûrement pour quelque chose : Kaefferkopf, Pfersigberg, Wineck-Schlossberg (merci Google pour l’orthographe exacte) pour n’en nommer que trois sur une liste qui en compte plus de cinquante.
Il y a aussi les fameux raisins qui permettent à cette région de se démarquer et d’afficher sa différence. Des raisins à la personnalité forte et capable de grande subtilité, mais dont les fines nuances m’embrouillent encore. L’Alsace est surtout reconnue pour ses vins blancs produits à partir de cinq principaux cépages : sylvaner, riesling, gewurztraminer, pinot blanc et pinot gris. En m’y rendant pour la première fois, je n’y connaissais presque rien, ce qui ne m’a pas empêché de découvrir l’un des plus jolis vignobles de France et de me laisser guider parmi les avenues gastronomiques d’une ville pleine de charme : Strasbourg.
Marier les saveurs
Je ne suis pas un fanatique, ni un pur et dur des accords mets/vins, mais je dois admettre que c’est à Strasbourg, ville reconnue pour avoir la plus grande concentration de restaurants haut de gamme en France, que j’ai goûté aux meilleures combinaisons. L’automne tirait à sa fin et, que voulez-vous, l’air vif sur le bord du Rhin, ça creuse l’appétit. J’ai toujours en tête ce morceau de Munster à l’odeur prononcée accompagné d’un verre de gewurtztraminer de chez Christian Binner. Et les formidables tartes flambées (flammekueche). Devant le restaurateur, ne prononcez surtout pas le mot pizza, mais entre vous et moi, ça se ressemble, en apparence du moins. Véritables bijoux de croustillance aux garnitures décadentes, les flammekueche sortent du four à bois et permettent à un verre de Sylvaner au fruité discret de se réveiller et de danser en bouche avec les lardons et le gruyère. Et pour festoyer avec le riesling, cet original aux notes de pierre à fusil et d’hydrocarbure, rien de mieux qu’un classique alsacien : une bonne choucroute garnie.
Mais mon séjour là-bas n’aurait pas été complet sans ma traditionnelle visiste d’un vignoble. Direction Pfaffenheim, à 70km hors de la ville, pour rencontrer un maître de la viticulture alsacienne.
L’authentique vigueur du Domaine Pierre Frick
Je le répète, mais rencontrer le vigneron aide à comprendre et apprécier le produit. Sous les bons conseils de mes amis sommeliers et amateurs de vins vrais (bio tendance nature), j’ai pris rendez-vous au domaine Pierre Frick. On dit souvent que le vin est à l’image du vigneron. Et bien ici, cette affirmation tient la route. Jean-Pierre Frick est un militant, un vigneron engagé à l’oeil vif et à la répartie fine. Ses vins sont droits et toniques, intelligents et joliment maîtrisés. Nous avons la chance de les goûter au Québec grâce à la maison d’importation Primavin. Outre les poules en liberté sur le terrain, je retiens le concerto pour fruits jaunes et de noix de coco livré par un vieux Crémant, un vin mousseux exceptionnel – ce n’est pas pour rien qu’on retrouve une partition sur les étiquettes du domaine. Au moment de prendre la photo avec Jean-Pierre, j’avais les petits yeux du dégusteur joyeux un brin ennivré. J’en savais aussi un peu plus sur l’Alsace, juste assez pour être encore plus perdu!
Quelques tuyaus pour déguster de bons vins alsaciens
Deux domaines alsaciens que j’aime et qu’on retrouve souvent et facilement en SAQ.
- Domaine Ostertag, représenté par Rézin
- Domaine Barmès-Buecher représenté par Oenopole
Deux endroits sympathiques pour acheter du vin à Strasbourg: