Partagez cet article
Table of Contents
Ni vous ni moi ne voudrions retrouver ce trait de personnalité chez notre meilleur ami, mais chez la belle Hongroise, c’est un atout, car il en résulte deux destinations en une!
Rarement une ville ne m’aura semblé atteinte d’un tel dédoublement de personnalité. Prenez le quartier de Buda, accroché aux collines de la rive ouest du Danube. Au coeur de l’ancien fief des Habsbourg et de Sissi trône leur somptueux palais, entouré de résidences ayant appartenu aux nobles de l’empire austro-hongrois. Dans ces rues proprettes vit le beau monde que nous croisons dans les cafés élégants, aux célèbres bains Gellért ou sur la promenade du bastion des Pêcheurs, le temps d’un selfie avec vue. Puis, prenez le quartier de Pest, qui s’étale sur la plaine d’en face et compte pour les deux tiers de la capitale. En comparaison, c’est en quelque sorte la petite sœur tatouée qui se ronge les ongles, travaille au journal déjanté Pestiside.hu et fait tache au brunch de mamie, le dimanche.
Somme de ces parties, Budapest n’occupe pas moins que la troisième place, devant Prague et Vienne, du palmarès des «25 plus belles villes du monde», compilé par le magazine Condé Nast Traveler. Et m’est avis que sa dualité y est pour quelque chose…
Les deux côtés de Budapest
Ravie d’une rive à l’autre
Ainsi donc, à l’ouest du beau Danube bleu-gris, Buda regarde de haut la dégaine cheap’n’chic de Pest. Mais à vrai dire, le ravissement est au rendez-vous peu importe la rive sur laquelle on se trouve, ce qui distingue l’une de l’autre étant surtout affaire d’ambiance. D’églises en complexes thermaux (dont Széchényi, le plus grand d’Europe), en édifices civils comme en musées (tel celui de la Terreur, consacré aux dérives communistes), la richesse architecturale du paysage urbain m’a éblouie.
À bâbord comme à tribord, l’histoire du pays a marqué la pierre jusqu’à la gastronomie. «C’est l’épouse italienne du roi Mátyás qui a introduit l’ail, la figue et les pâtes au pays», dit Carolyn Bánfalvi, la sympathique fondatrice de Taste Hungary, qui fait goûter des vins dans sa cave, à Buda. «Au XVIe siècle, les Turcs y ont apporté le paprika, devenu un ingrédient-clé de la cuisine nationale, et le café. Et sous l’empire austro-hongrois, que de métissages…». Sissi, elle, légua notamment sa passion des gâteaux à la seconde capitale de son empire. Quant à la communauté juive, elle y apporta sa culture et ses traditions. Ces dernières s’y sont épanouies pendant des siècles jusqu’à ce que la Hongrie se trompe de camp et choisisse celui de l’Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale. Dans le District 7, je me suis recueillie devant l’émouvant monument à la mémoire des victimes de l’Holocauste, puis j’ai célébré la vie dans la première boulangerie cachère venue.
Au marché central de Pest, j’ai découvert des kiosques débordant d’artisanat, de même que de fromages, de cochonnailles, de vins de la région de Tokaj, de goûteux lángos (un genre de focaccia frite), sans parler de foie gras d’oie, dont la Hongrie se targue d’être le premier producteur mondial. Avec une telle diversité de denrées et une nouvelle vague de chefs, pas étonnant qu’on retrouve de plus en plus des plats du genre «poitrine de canard et sa polenta à la pêche» au menu des restaurants!
Des bains, des bars et plus encore
En tirant parti des nombreuses sources thermales de la ville, les Ottomans ont apporté une autre contribution majeure à l’art de vivre local: celle du bain. Authentiquement turcs, les Thermes Rudas, à Buda, m’ont transportée au temps des pachas. Et je ne vous dis pas le bonheur de tremper dans des bassins couverts de mosaïques de Gellért lors d’un «sparty»… Oui, c’est l’appellation donnée par le promoteur local à ces soirées avec DJ! Avoir eu un peu plus de temps, j’aurais même pu me faire enduire de boue reminéralisante, comme le veut la tradition, au spa de l’hôtel Corvinus Kempinski. (Non, ne levez pas les yeux au ciel: notre dollar, plus fort que le forint, va loin chez les Magyars…)
Dans un registre anti-chic, le romkocsma (littéralement «bar en ruines») anime la nuit budapestoise. Au début des années 2000, des jeunes squattaient des immeubles désaffectés de Pest et y improvisaient des bars. Le pionnier fut Szimpla; son succès fut immédiat et, depuis, ces établissements, véritables squats ou pas, se sont multipliés. C’est ainsi qu’un soir, je me suis retrouvée chez Fogasház, l’ancien cabinet d’un chirurgien-dentiste! Cool, dites-vous? Parfaitement! Tout comme l’ancienne gare routière de Pest reconvertie en centre de design, les sentiers romantiques de l’île Marguerite et le funiculaire pour monter à l’assaut de Buda, dont raffolent les enfants.
Au bar branché Blue Fox, Bruce Marshall, «music sommelier» de son état ou, si vous préférez, créateur d’environnements sonores au Kempinski, avait ceci à me dire au sujet de sa ville d’adoption: «c’est un bijou et le secret le mieux gardé d’Europe!». Oui, un bijou double, et m’est avis que le «secret» ne le restera pas encore très longtemps…
À Vienne qui pourra
Située à seulement 250 kilomètres de Budapest, la capitale autrichienne est une destination complémentaire à envisager dans le cadre d’un séjour en sol hongrois. En avion (un saut de puce), en bateau (5-6 heures), en train rapide (2 h 45), en voiture ou même à vélo le long du Danube: à vous de choisir le mode de transport qui vous convient le mieux!
Des gâteaux royalement gourmands
Les Budapestois sont de fieffés gourmands, et pour cause: la tradition pâtissière hongroise est l’une des plus riches (sans jeu de mots) d’Europe! Pour découvrir ses tortas historiques et mes pâtisseries coups de coeur, c’est par ici.