Je n’ai jamais visité l’Écosse. Je n’ai pas d’ancêtre écossais. Je n’ai même jamais regardé Braveheart. Mais étrangement, tout ce qui est écossais m’est intensément familier. Comme si un lien invisible m’y rattachait.
Puis, l’an dernier, aux Scottish Festival & Highland Games à Kincardine, en Ontario, j’ai essayé un kilt. Non seulement il était confortable, mais il m’allait à merveille. Ma femme a cru à une folie passagère.
Comment la passion d’un homme pour l’Écosse le rend accro au tartan
« Quand vas-tu le porter ? », m’a-t-elle demandé.
« Pour les festivals écossais et pour regarder les matchs à la télé », ai-je répondu, convaincu.
Je suis reparti les mains vides.
Mais mon obsession ne m’a pas quitté. Me voici donc à remplir ma valise de vêtements de pluie, direction l’Écosse, pour découvrir l’origine de ma fascination. Si je m’y sens chez moi, j’achète un kilt.
Les Écossais portent-ils vraiment le kilt?
Ma femme et moi voyageons de Glasgow aux Highlands. Pas de Sean Connery en vue. Je ne visite pas le Skyfall Lodge. Et j’aperçois seulement à cinq occasions des gens en kilt (dont un touriste extrême-oriental en uniforme complet arborant un sourire de vingt kilomètres).
« Les Écossais ne portent-ils plus le kilt? », je demande à Pauline Fraser, l’une des propriétaires de la manufacture de kilts Highland House of Fraser, à Inverness.
« Bien sûr », me répond-elle. « Les jeunes hommes s’en procurent traditionnellement à l’âge de 21 ans et les portent pour des occasions spéciales. »
Elle me dit aussi que la plupart des touristes achètent des kilts en souvenir qui ont la même valeur pour les Écossais que des vêtements de sport contrefaits, fabriqués outremer et de toute évidence non authentiques pour les Nord-Américains.
J’arrive à Édimbourg et je ne sais toujours pas quoi faire. Investir dans un kilt authentique, mais ô combien dispendieux (plus de 1 000 $), fait sur mesure ou choisir l’option meilleur marché (200 $) qui ne duperait personne? C’est plus complexe que je pensais.
En noyant mon dilemme dans un excellent scotch au bar de notre hôtel, The Dunstane Houses, je discute avec le barman de 19 ans, Craig Moriarty.
« C’est donc la tradition qui pousse les jeunes hommes à se procurer un kilt à l’âge de 21 ans », dis-je.
« C’est exact. J’ai seulement 19 ans, mais dès que j’ai commencé à travailler, c’est la première chose pour laquelle j’ai économisé », me répond Craig avec un grand sourire. « Je vais le porter ce week-end au match de football Écosse contre Chypre. On met notre kilt quand on part en guerre! »
Il me fait un clin d’œil en souriant sournoisement et ajoute : « Je dois faire honneur à ma patrie. »
Et voilà. Mon inspiration était de retour. J’avais seulement besoin de ressentir la passion pour la tradition et le goût de l’aventure.
En quête du kilt parfait
Le lendemain, je me rends chez 21st Century Kilts où je rencontre le créateur de kilts de quatrième génération Howie Nicholsby.
Howie a habillé des célébrités comme Alan Cumming, Vin Diesel et Richard Branson. Ce qui le distingue des autres créateurs? Son désir d’aller au-delà de la pure tradition en optant pour des styles et des matières plus tendance et un brin irrévérencieux. Le premier kilt qu’il a cousu était fait de PVC et est maintenant encadré au mur de sa boutique, à côté d’une copie du magazine People dans lequel il a figuré. Plutôt audacieux dans un pays où kilt rime avec fierté nationale.
En 1746, après la victoire des Anglais sur les jacobites (Écossais) lors de la célèbre Bataille de Culloden, l’Angleterre a banni le port du kilt, perçu comme un « uniforme de bataille ». Le bannissement a été levé en 1782, et le kilt est vite devenu un symbole puissant du patriotisme écossais.
Les « vrais » kilts sont faits à la main et requièrent huit verges de tartan pour créer le meilleur balancement pendant la marche. Le tartan utilisé dans un kilt représente votre clan. Comme le clan Ross, dans le cas de ma femme. C’est votre identité.
Howie est un gars simple, sans prétention, qui a un excellent sens de l’humour. Il me dit que pendant sa visite de la tour du CN, à Toronto, alors qu’il marchait sur le plancher de verre au sommet, il a sans le vouloir « exhibé ses atouts ». Plus de mystère sur ce qu’il porte, ou pas, sous son kilt.
Je fais tout de suite confiance à cet homme, et le tartan Ross n’a plus tellement d’importance. Mon attention dévie vers un magnifique kilt dans sa boutique qui me parle avec l’irrésistible folklore de la région. Son tweed gris est rehaussé d’un motif très subtil et, signe du destin peut-être, c’est ma taille!
« Enlève ton pantalon, je vais t’aider à l’ajuster », me dit Howie.
Je me sens légèrement vulnérable en sous-vêtements au beau milieu de sa boutique, ma femme exaspérée devant la scène. Mais dès que Howie ajuste le kilt, me montre comment porter les chaussettes de laine avec celui-ci et quelle posture adopter (les pieds légèrement écartés, le pied droit en avant, sans les mains sur les hanches), je suis conquis.
C’est exactement ce que je voulais. Un vrai kilt! Moins traditionnel, mais aussi authentique. Moins cérémonieux, mais aussi élégant. Pour que chaque fois que je le porte, je me sente lié à la tradition et à l’histoire.
Je ne sais pas si, dans une autre vie, j’étais Écossais. Mais je sais que j’aime le scotch single malt, le haggis et la mélodie envoûtante des cornemuses. Je sais que la vie est courte et que ce qui nous captive mérite qu’on s’y attarde. Je porte mon kilt dans les festivals écossais et chaque fois que l’occasion s’y prête. Pas en signe de rébellion, mais bien pour faire honneur à ma patrie… d’adoption!
Où acheter un kilt en Écosse
À Édimbourg:
• 21st Century Kilts pour les kilts au style plus moderne
• Gordon Nicolson Kiltmakerrs pour les kilts plus traditionnels
• Eight Yards pour le vaste choix de kilts huit verges faits à la main
À Inverness:
• Highland House of Fraser pour les kilts confectionnés à la main et son minuscule musée.