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Les moyens de transport romains ont bien évolué au fil des siècles. Autrefois, se déplacer signifiait parfois fouetter des galériens pour accélérer l’aviron, avec un colosse battant la mesure sur un tambour. Aujourd’hui, la plupart des Romains optent pour les moteurs à combustion interne pour leurs déplacements. Mais ici, le voyage se fera à la force des jambes, comme dans l’ère de Ben-Hur. Contrairement à Charlton Heston, pas de tunique mais un casque et un t-shirt, pour une balade à vélo au cœur de la Ville éternelle.
Face aux rues pavées, à la circulation dense et aux voitures garées pêle-mêle comme jetées par une pelleteuse, parcourir Rome à vélo pourrait paraître audacieux. Mais ce défi mérite d’être relevé, et le vélo devient ici une “deux-roues de centurion.” À Rome, on vient, on voit, on pédale : Veni, vidi, bici.
Première étape : récupérer le vélo. La boutique Bici & Baci, située via del Viminale, est une adresse incontournable pour louer ce précieux deux-roues. Parmi les nombreuses destinations possibles, l’idée d’un détour vers la pyramide de Cestius et le cimetière voisin séduit : ce paisible jardin de pierres tombales et de fleurs, gardé par des chats errants bien nourris, abrite les tombes de poètes comme John Keats et Percy Shelley. Mais, finalement, la via Appia Antica s’impose. Cette ancienne route, qui fut jadis l’axe principal pour les voyageurs et même pour les envahisseurs barbares, menait à Rome et en sortait. Oui, le tourisme romain aussi a bien évolué : autrefois, une visite pour une pizza et un gelato impliquait l’usage de catapultes et d’épées !
Mais avant tout, un arrêt café s’impose. Un des meilleurs se trouve au Musée du Capitole, sur la Piazza del Campidoglio. Sur le chemin, en descendant la via Nazionale, une surprise attend : le vélo ressemble davantage à une machine à laver. Sur les pavés, chaque rebond fait vibrer le vélo comme si c’était un enfant de six ans survolté au café.
La route vers le Capitole traverse la Piazza Venezia, ce rond-point périlleux que Gregory Peck et Audrey Hepburn affrontaient en Vespa dans Vacances romaines. Dans le film, tout cela semble joyeusement chaotique, mais ils avaient un réalisateur prêt à crier «Coupez!» à la moindre prise. Dans la réalité, en observant cet amas de scooters, voitures, autocars, taxis et calèches, il est tentant de préférer une bataille dans le Colisée armé d’une nouille de piscine.
Heureusement, les conducteurs romains semblent prêts à tout, même à croiser un cycliste qui serpente et rebondit avec un regard de panique, tel un brancardier dans Ben-Hur fuyant la piste avant le retour des chars. Le café est atteint sans encombre, et l’espresso s’avère aussi revigorant qu’une transfusion sanguine. Il est temps de poursuivre la route.
L’étape suivante n’est pas due au vélo lui-même, mais plutôt à l’absence totale de sens de l’orientation. Hannibal, le général carthaginois, n’a sûrement jamais eu besoin de demander son chemin ! Une fois la route menant à la via Appia Antica trouvée, le décor change : une longue et étroite voie bordée d’un mur de pierres qui laisse peu d’échappatoire. Aucun ossement de cyclistes malchanceux n’est visible, mais on suppose que les autorités veillent à les enlever. Peut-être finira-t-on, après tout, par rejoindre le cimetière… mais dans un cercueil.
En longeant le mur de pierre, la via Appia Antica se dévoile enfin, s’étirant au-delà des catacombes de Saint-Sébastien et de la basilique San Nicola in Carcere. Les pavés laissent place à une route qui s’ouvre sur la campagne, partagée entre quelques vélos, plusieurs piétons, et même un troupeau de chèvres. Le long de la via Appia, des tombes s’alignent, et leurs inscriptions racontent les vies de Romains anciens. Sans lire le latin, on peut imaginer certains messages : « Si j’avais su, je n’aurais jamais loué ce satané vélo. »
Et après cette aventure, une leçon latine reste bien gravée : Gerunt in casside. « Portez votre casque ! »