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Article par Steve Burgess et originalement publié dans l’édition de décembre-avril 2017-2018 du magazine à bord Atmosphere. Lisez la plus récente édition ici.
Les moyens de transport romains se sont bien améliorés au fil des siècles. Autrefois, pour se rendre du point A au point B, il fallait fouetter des galériens pour qu’ils rament plus vite, tandis qu’un colosse battait la mesure sur son tambour. Mais de nos jours, la plupart des Romains favorisent les véhicules à moteur pour leurs déplacements. Quant à moi, je retourne à l’époque de la propulsion humaine, comme dans Ben-Hur. Mais rassurez-vous : contrairement à Charlton Heston, je porterai un t-shirt et un casque, et j’enfourcherai un vélo de location.
Quand on pense aux rues pavées, à la circulation intense et aux voitures stationnées pêle-mêle le long des rues comme si elles avaient été entassées par une chargeuse frontale, parcourir la Ville éternelle à vélo peut sembler tout un défi.
Mais je me sens comme un centurion invincible sur son chariot à deux roues, et je sais que je peux m’en tirer avec honneur. Ce sera Veni, vidi, bici : je suis venu, j’ai vu et j’ai pédalé. J’ai loué mon vélo à la boutique Bici & Baci sur via del Viminale. Je pense d’abord à me rendre vers l’un des endroits que je préfère à Rome, la Pyramide de Cestius et le cimetière adjacent. Ce paisible jardin de pierres tombales et de fleurs, où patrouillent des chats errants bien nourris, est célèbre pour abriter les tombes de poètes comme John Keats et Percy Shelley. Mais j’opte finalement pour rejoindre la via Appia Antica, l’ancienne route que les voyageurs de l’Antiquité et parfois les envahisseurs barbares empruntaient pour entrer dans Rome ou en sortir. Oui, tout comme les moyens de transport, le tourisme romain a bien évolué: à une certaine époque, il aurait fallu faire son chemin à coup d’épée et de catapulte pour pouvoir s’offrir une pizza ou un gelato!
Avant tout, un bon espresso. L’un de mes cafés favoris se trouve aux musées du Capitole, sur la piazza del Campidoglio. Mais tandis que je descends la via Nazionale pour m’y rendre, je réalise que j’ai un problème: j’ai l’impression d’avoir loué une machine à laver à la place d’un vélo. La rue grossièrement pavée me fait rebondir et trembler comme un enfant de six ans qu’on aurait gavé aux grains de café…
Quand on pense aux rues pavées, à la circulation intense et aux voitures stationnées pêle-mêle le long des rues… parcourir la Ville éternelle à vélo peut sembler tout un défi .
La route vers le Campidoglio me conduit à travers la piazza Venezia, le rond-point périlleux que Gregory Peck et Audrey Hepburn affrontaient en scooter dans Vacances romaines. Dans ce film classique, la chose semblait une partie de plaisir… mais il ne faut pas oublier que le réalisateur pouvait dire «Coupez!» à tout moment. Quant à moi, en regardant cette place chaotique envahie par les scooters, les voitures, les autocars touristiques, les taxis et même les calèches, j’aimerais presque mieux me lancer dans une bataille au Colisée armé d’une nouille de piscine.
Heureusement, les conducteurs romains ne s’étonnent de rien, pas même de voir surgir un vélo rebondissant, conduit par un gars dont le regard terrifié rappelle les brancardiers de Ben‐Hur qui devaient vite quitter la piste avant que les chariots ne reviennent. Je réussis à me frayer un chemin jusqu’au café. L’espresso me fait l’effet d’une transfusion sanguine. Je suis prêt à continuer ma route.
Mais j’ai un autre problème, qui n’a rien à voir avec le cyclisme : je n’ai aucun sens de l’orientation. Hannibal, le général carthaginois, n’a probablement jamais eu à demander son chemin, lui. Je parviens enfin à trouver la route qui mène à la via Appia Antica. C’est un long chemin étroit bordé d’un mur de pierres d’où je ne peux m’échapper. Je ne vois nulle part les ossements d’autres cyclistes malchanceux, mais j’imagine qu’on les enlève à mesure. Oui, il se pourrait bien que je finisse par me rendre au cimetière… dans un cercueil !
La route vers le Campidoglio me conduit à travers la piazza Venezia, le rond-point périlleux que Gregory Peck et Audrey Hepburn affrontaient en scooter dans Vacances romaines.
Longeant le côté de la route, j’atteins finalement mon but. Passé les catacombes de Saint-Sébastien et la basilique de San Nicola in Carcere, les vieux pavés ouvrent sur la campagne. Je partage la route avec quelques vélos, plusieurs piétons et beaucoup de chèvres. La via Appia Antica est entourée de tombes dont les inscriptions donnent un aperçu de la vie des Romains de l’Antiquité. Même sans connaître le latin, je me doute un peu de ce qu’on peut lire sur certaines d’entre elles: «Si j’avais su, je n’aurais jamais loué ce maudit vélo ». Mais je dois dire que mon aventure cycliste à Rome m’aura au moins permis d’apprendre une phrase latine : Gerunt in casside. «Portez votre casque!»
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