Les gens sont souvent surpris d’apprendre que nous voyageons à cinq. Nos triplés de 13 ans ont arpenté les rues de Paris, Londres, New York, Glasgow, Barcelone, Liverpool, Boston, Édimbourg, Los Angeles à pied et sur roues, car nous voyageons à cinq… et l’une de nos filles se déplace en fauteuil roulant. Partir en voyage à 5 + 1 (le fauteuil!) demande une certaine préparation. Difficile d’improviser et de se dire « on dormira en chemin » quand l’hébergement doit : 1) être au rez-de-chaussée ou disposer d’un ascenseur (assez grand!); 2) avoir une salle de bain pas trop minuscule et un bain ou une douche où l’on peut installer une chaise de camping pliante; 3) ne pas avoir qu’un comptoir-lunch comme aire de repas (trop haut!); 4) avoir de la place pour dormir tous les cinq (sans devoir louer deux chambres). Voici quelques trucs pratiques pour faciliter vos voyages accessibles et à mobilité réduite.
Comment planifier ses voyages accessibles
Gérer les transports
Le transport aussi est à organiser minutieusement. Si on loue une voiture, on doit avoir au minimum un modèle de type mini-fourgonnette avec sièges rabattables dans le plancher pour être en mesure de transporter 5 personnes, un fauteuil roulant et… 3-4 valises. Pas facile à stationner en Europe!
Héler un taxi sur le coin d’une rue n’est pas une option, c’est pourquoi on garde le numéro des taxis accessibles en poche ou on commande un Uber XL (si la personne peut se transférer sur un siège) ou UberWAV (pour wheelchair accessible vehicle) pour les plus grandes distances dans les grandes capitales. On privilégie l’autobus, accessible presque partout en Europe et aux États-Unis, car le métro est rarement adapté, sauf pour LA nouvelle ligne accessible à Paris, Londres ou New York… ligne qui ne mène souvent à aucun endroit d’intérêt!
À cet égard, le métro de Barcelone est un modèle d’accessibilité avec ses ascenseurs adaptés et ses rampes d’accès toujours déployées au premier wagon. On privilégie les villes qui ont tenu des Jeux olympiques (et paralympiques!) depuis les années 90 car elles ont généralement adapté (au moins en partie) leurs moyens de transport public, ce qui les rend plus accessibles pour les personnes à mobilité réduite. Barcelone, qui a tenu les JO en 1992, fait d’ailleurs figure de pionnière dans ce domaine.
Et l’avion, lui?
Mais avant de réfléchir au transport à destination, il faut s’y rendre! Un appel à la compagnie aérienne est de mise. On mentionne également qu’on désire conserver le fauteuil roulant jusqu’à la porte de l’avion et qu’il devra être reconduit en soute à l’embarquement, comme une poussette pour bébés, par exemple. Un petit siège à roulettes (surnommé un « Washington ») est alors mis à la disposition des passagers pour atteindre leur siège dans l’avion (des employés soulèvent la personne à mobilité réduite assise sur ce siège s’il y a des marches à gravir, puis roulent le siège dans l’allée jusqu’au siège désigné). Dans l’avion, nous sommes les premiers assis… mais les derniers sortis. Il faut donc prévoir des temps de correspondances assez longs pour éviter un cauchemar!
Vous avez déjà été aux toilettes dans l’avion? Vous comprenez donc que c’est impossible pour une personne à mobilité réduite de s’y engouffrer avec son fauteuil roulant (même le petit Washington!). Quelques avions possèdent des cabines de toilettes plus grandes, permettant de faire un transfert, mais c’est très rare. Mieux vaut se renseigner si le vol est long.
Le petit coin
Parlant des toilettes lors de voyages accessibles, voilà un autre obstacle majeur en Europe – dans les restaurants notamment – où les toilettes sont le plus souvent situées au sous-sol ou à l’étage, au bout d’un escalier à pic ou en colimaçon. Les sites comme TripAdvisor peuvent donner de bonnes indications sur ce qui est accessible ou ne l’est pas, tout comme les photos disponibles sur le web ou les réseaux sociaux de l’établissement. En cas de doute, un courriel ou un appel téléphonique s’avère souvent efficace et permet de prévoir un plan B, au besoin. Un carnet bien rempli avec de bonnes adresses d’établissements adaptés est à emporter avec soi. On peut aussi prendre contact avec les associations locales qui viennent en aide aux personnes à mobilité réduite afin d’avoir leurs recommandations sur les endroits adaptés et les services disponibles sur place. Pour chaque destination, on trouve facilement un site web, un blogue ou des informations sur l’accessibilité en cherchant sur Google.
Nos meilleurs souvenirs
Alors s’il faut organiser le transport, l’hébergement, les endroits à visiter, les déplacements, et même les toilettes… pourquoi faire des voyages accessibles à 5 + 1 fauteuil roulant? Parce que ça reste une aventure familiale sans égal où l’on fait le plein de découvertes et d’anecdotes qu’on savourera encore des années plus tard, comme par exemple :
- Cette descente mémorable d’un escalier marche après marche (chez nous, on dit en « tape-cul »!) dans Montmartre ou sur l’esplanade du Trocadéro à Paris.
- Ce « lift » extérieur hors d’usage en Angleterre les jours de pluie (« Vous savez qu’il pleut beaucoup dans votre pays?! ») et les sympathiques employés qui se regroupés pour descendre ma fille et son fauteuil roulant à quatre paires de mains.
- Ce fauteuil roulant de plage en Floride avec d’immenses roues pouvant aller à l’eau qui nous permet de prendre de longues marches le long de la plage nous aussi.
- Ce resto de Los Angeles qui disposait d’un élévateur même s’il n’y avait que trois marches à gravir à l’entrée (wow!).
- Les musées qui ont des tables de présentation plus basses ou en angle pour montrer leurs trésors aux personnes en fauteuil roulant.
- Les parcs nationaux américains qui ont tous un sentier totalement accessible (un gros merci à l’Accessibility Act!).
- Les manèges 100% accessibles à Walt Disney World, où le siège régulier est retiré pour faire place au fauteuil roulant du passager.
Et ces 5 traitements V.I.P. inoubliables, que notre fille nous a permis de vivre :
- À l’Opéra Garnier à Paris, on nous a ouvert l’ascenseur V. I.P. , orné de dorures et de tentures en velours rouge, utilisé dans les semaines précédentes par nulle autre que Madonna et par le Duc et la Duchesse de Cambridge, le Prince William et Kate Middleton!
- Au Château de Windsor, on nous a fait entrer par une entrée privée à l’abri des regards, qui nous a menés directement dans les appartements principaux. « C’est l’entrée privée de la Reine », nous a-t-on précisé.
- Au Château de Versailles, on nous a fait passer par plusieurs portes secrètes et à travers des salles fermées au public où on a eu la chance de voir un accordeur de clavecin (d’époque!) à l’oeuvre!
- À Walt Disney World et à Universal Studios, à Orlando, où le traitement V.I.P. est exceptionnel tant pour accéder aux manèges que pour avoir une place adaptée au restaurant ou pour assister aux défilés et aux spectacles aux premières loges. Chapeau!
- Tous les privilèges coupe-file, surtout ceux qui nous ont permis de sauver des heures d’attente, notamment au musée Picasso à Barcelone, au MoMa à New York et au Musée du Louvre à Paris.
Alors, quand est-ce qu’on repart?
Ressources utiles pour les voyages accessibles
- Wheelchair Travelling (en anglais) : wheelchairtraveling.com
- Disabled Holidays (an anglais) : disabledholidays.com
- Pour voyager en Europe : sagetraveling.com
- Accessible Britain (Royaume-Uni)
- Au Québec, consultez le site de Kéroul
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