Difficile de départager le vrai du faux quand il s’agit d’Ocean Drive, en Floride. La célèbre rue, qui se trouve toujours au top des choses à faire lors d’un voyage à Miami, a fait l’objet des rumeurs les plus folles mais aussi d’extravagances bien réelles. Si l’Art déco auquel elle est associée fait courir les foules, il n’en a pas toujours été ainsi.
Petites et grandes histoires d’une rue mythique, découvertes lors d’une visite guidée réalisée avec la Miami Design Preservation League.
Quelle est l’histoire de Ocean Drive?
D’abord, un peu de géographie. Ocean Drive se trouve dans le quartier South Beach, à Miami Beach, une ville à part entière. Quelques décennies avant que la ville porte ce nom, des fermiers sont venus dans le secteur pour planter des noix de coco, rapidement dévorés par les lapins ou les rats – l’histoire varie selon celui qui la raconte. Puis, il y a eu l’arrivée du chemin de fer en 1896, qui a facilité son accès.
C’est toutefois Carl Fisher, un homme d’affaires ayant connu le succès dans les secteurs de l’automobile et de l’immobilier, qui a vu le potentiel de Miami Beach. La construction de la première autoroute transcontinentale, qui a permis de relier New York à San Francisco en 1913, s’étant avérée un franc succès, plusieurs questionnaient son désir de développer une voie rapide entre l’Indiana et Miami Beach. Conséquemment, entre 1920 et 1925, la population de la ville augmente de 440%. Hélas, en 1926, le vent tourne. Littéralement – Fisher voit son coin de paradis dévasté par un ouragan. Peu de temps après, la Grande dépression s’occupe du reste. Miami Beach ne fait plus rêver.
L’architecture de Ocean Drive
Les vétérans de la guerre y sont peu à peu revenus dans les années 1950. Érigés à la hâte, la plupart des bâtiments sont de piètre qualité. « C’est dans les années 1960 qu’on s’est mis à parler d’Art déco, raconte Mark, guide de Miami Design Preservation League. Avant, on disait simplement “moderne”. On trouvait aussi beaucoup d’Art déco en Nouvelle-Zélande, où l’on avait dû reconstruire après un désastre naturel. Le Miami Modern était similaire au Mid-Century Modern. »
Pour la petite histoire, « C’est Le Corbusier, qui détestait pourtant l’art déco, qui a appelé ce style ainsi de façon péjorative dans une série d’articles sur l’expo de 1925, raconte Héloise Collins, guide de Miami Off Road. Il a continué de détester le style jusqu’à la fin de savie, mais le nom est est resté. »
Incontournable, Ocean Drive a encore aujourd’hui des allures de décor. Si les façades sont bien préservées, l’intérieur n’a parfois plus rien à voir avec le style Art déco. Malgré tout, la photogénie des bâtiments colorés en fait un arrêt obligatoire de tout voyage dans la région de Miami.
Miami Beach, ville clandestine
Longtemps, Miami Beach a eu la réputation d’être une ville coupe-gorge. Le terrazo de certains hôtels témoigne aujourd’hui de l’époque où le jeu et l’alcool étaient consommés de manière clandestine. Les formes qu’on peut encore voir sur le sol n’ont pas été créées par hasard : chacune avait une signification. « Les flèches permettaient de se rendre aux salles de jeux illégales, résume le guide de la Miami Design Preservation League. Le crime organisé était bien organisé! »
En 1976, la création de la Miami Design Preservation League par Barbara Baer Capitman permet de répertorier tous les bâtiments et de veiller à leur protection. C’est toutefois le tournage de la série culte Miami Vice qui fait courir à nouveau les foules dans les années 1980. « Les tenues de Don Johnson étaient assorties aux bâtiments », rappelle Héloise Collins.
Gianni Versace à Miami Beach
Autre icône des années 1980, Gianni Versace, qui fait partie de ceux qui ont insufflé à la série son sens du style, a aussi contribué à ériger Ocean Drive au statut de symbole populaire. Inspirée des palaces néo-méditerranéens, la Casa Casuarina, où il a habité de 1992 à 1997, détonne des façades d’hôtels Art Déco. Imaginé dans les années 1930 par l’architecte Alden Freeman, fils du trésorier de la Strandard Oil Company, l’opulente demeure, à laquelle Versace a ajouté l’hôtel Revere qui le jouxtait en 1993, est aujourd’hui un hôtel de 10 suites.
Comment se déplacer lors d’un voyage à Miami
Sur place, il est facile de se déplacer en transport en commun, mais prendre des taxis de temps en temps permettra de se rendre dans des zones moins bien desservies.
Le train à grande vitesse Brightline relie Miami à plusieurs villes de la Floride.
