Je dis souvent à des amis qui n’ont pas vu tel bon film ou lu tel bon livre qu’ils sont chanceux. Que devant eux se trouve une découverte, une petite joie à venir. Je me mets alors à les envier. Oui je sais, c’est immature. Voyez-moi comme le gourmand qui, à la fin d’un repas, souhaite retrouver l’appétit pour recommencer. J’ai la nostalgie rapide. Je suis un épicurien obnubilé par la fièvre de la première fois. Ceci étant dit, j’aime partager et replonger dans mes souvenirs. Je n’ai pas la prétention de détenir la vérité mais, si vous me permettez une vantardise légère, je crois bien être doué pour apprécier le beau et me régaler du satisfaisant 😉
Au cours des quatre dernières années, j’ai eu l’occasion de parcourir la France grâce à mon travail d’animateur télé. J’en ai fait le tour et surtout, pour mon plus grand bonheur, j’ai foulé le sol de chacune de ses grandes régions viticoles. C’est à partir de ma fascination pour le vin, particulièrement pour les vins de France, que je souhaite vous inspirer. Au travers des envoûtants reflets de ce mythique produit français, si distinctif d’une région à l’autre, se trouve une poésie qui donne le goût de partir, ou du moins de s’ouvrir une bouteille.
Par où commencer ? Tout d’abord par ne pas se laisser intimider. En 2014, la France a retrouvé son titre de premier producteur de vin de la planète (suivi de très près par l’Italie). Il est normal de se sentir perdu. Ça fait beaucoup d’hectares de vignes pour s’y égarer et un raz-de-marée d’hectolitres pour s’y noyer. Je ne suis pas sommelier, encore moins oenologue, juste un amateur de vin qui, depuis bientôt vingt ans, prend un malin plaisir à déguster, noter, comparer, s’obstiner et apprécier. Le vin est davantage une affaire de coeur que de tête. Lorsque j’entends des amis me dire qu’il ne s’y connaissent pas, ça me désole. Si tu sens, si tu goûtes, l’essentiel y est. Il faut mettre de côté le snobisme, tracer son propre chemin, faire sa petite affaire. Les références, les termes techniques, le nom des cépages, les types de sol, etc., tout ça viendra, lentement mais sûrement. Pour l’instant, permettons-nous de délirer un peu, soyons attentif à ce que l’on ressent, et de grâce, profitons-en.
Quand je suis nostalgique (je vous avais prévenu) je m’en vais sur le net regarder une carte des régions viticoles françaises. Pour me souvenir que la Loire est très étendue. Pour repenser à mon verre de Muscadet près de Nantes qui accompagnait parfaitement le Merlu au beurre blanc. Pour rêver de la Champagne où j’ai constaté pour la première fois la différence entre «grande maison établie» et «petit propriétaire récoltant». Pour ravoir en bouche le goût de mon premier fromage Comté avec un vin jaune du Jura, au coin du feux, les pieds encore mouillés d’avoir marché dans les vignes d’Arbois.
Avant même de les connaître, tous ces noms évoquaient chez moi quelque chose de magique et éveillaient ma curiosité. La Provence. La Bourgogne. Le Bordelais. Pour ce premier billet j’ai voulu mettre la table et vous titiller un peu. Mais surtout vous dire qu’avec tout ce qui vous attend, oui, je l’avoue, je suis jaloux.