La Bourgogne, terrain fertile de souvenirs oenophiles impérissables
Étonnamment, mon meilleur souvenir de la Bourgogne a eu lieu dans le Jura. Grâce à Christophe, propriétaire d’une maison d’hôte (la Maison Salines), qui a hérité d’une impressionnante cave à vin de sa grand-mère autrefois restauratrice. Des bouteilles d’une autre époque endormies sous la terre, des trésors uniques aux étiquettes illisibles tellement la poussière et le temps les ont enrobées. Nous avons bu à la cave, à la lueur de nos bougeoirs, un Clos de Vougeot 1969. Un grand cru de la Côte de Nuits. J’étais conscient du privilège et j’en ai eu les larmes aux yeux. J’ai surtout ressenti l’indescriptible sensation de mordre dans l’histoire. Le pinot noir, noble cépage élevé dans un terroir d’exception, libéré de sa prison de verre, nous gratifiait de sa finesse et de sa poésie. « De la dentelle de framboise, tu sais, les derniers fruits que tu chopes à l’automne », a lancé Christophe, des trémolos dans la voix. Je savais surtout qu’une petite case de ma mémoire intitulée « expérience unique » venait de s’ouvrir et que la mythique Bourgogne y était désormais associée.
Je retournerais sans hésiter me perdre dans les vignes de cette région fabuleuse. Si l’envie de partir sur la route des grands crus vous prend, je vous recommande de démarrer votre séjour près de Beaune. Beaune, qui est considérée comme la capitale des vins de Bourgogne, est située à proximité des appellations prestigieuses comme Pommard, Volnay, Meursault et Montrachet. En 2013, alors que je séjournais au magnifique Clos des Tilleuls, mon hôte Laurent m’a emmené me promener dans les vignes du Montrachet. Pour l’anecdote, à l’achat, un hectare de cette parcelle convoitée dépasse les 25 millions d’euros. Je me souviens d’avoir pressé un raisin entre mes doigts pour en boire le jus : « voici ce que j’ai les moyens de m’offrir » avais-je lancé à Laurent en rigolant. La demande mondiale pour les vins de Bourgogne est forte et, bien sûr, les prix ont augmenté. Tout de même, la Bourgogne est incontournable pour tout amateur de vin.
Mes bonnes adresses en Bourgogne
Si vous passez par Beaune, je vous suggère Le comptoir des Tontons pour bien boire et manger.
Un domaine à visiter : Domaine Morey Coffinet (présenté dans le documentaire A year in Burgundy, que je vous recommande ci-bas).
La réjouissante fraicheur du Gamay, le cépage phare du beaujolais
La bonne nouvelle c’est qu’un peu plus au sud se trouve une région où les vins de soif à prix raisonnable foisonnent, un terroir qui a trop longtemps eu mauvaise presse et qui est pourtant si généreux : le beaujolais.
Je comparerais le gamay à un artiste qui fait encore de petites salles. Il est talentueux, il se donne à 100%, et le prix du billet ne vous ruine pas le portefeuille. Le beaujolais est un vin de plaisir qui ne se prend pas la tête. Un vin de tous les jours qui appelle le saucisson et la baguette. Si le beaujolais reste plus simple et modeste (il existe aussi bien sûr de grands beaujolais), le nom de ses appellations me font rêver : Moulin à vent, Fleurie, Morgon, St-Amour pour ne nommer que celles-là. Les vins de Jean-Paul Brun figurent parmi mes coups de cœur SAQ depuis quelques années. J’ai eu le bonheur de le rencontrer à son domaine et mon après-midi avec lui fut à l’image du terroir : sympathique et sans prétention.
En attendant l’événement qui nous fera ouvrir un Gevrey-Chambertin premier cru, débouchons un beaujolais village et trinquons à la vie, à l’amitié et à la Bourgogne !
Pour s’imprégner de la Bourgogne avant d’y voyager
Pour vivre les quatre saisons en Bourgogne, louez le documentaire A Year in Burgundy, disponible notamment sur Itunes.
Et pour les amoureux du Pinot Noir, qu’il soit français ou non, je recommande de voir ou de revoir le film Sideways (À la dérive), sorti en 2004.