Partagez cet article
Table of Contents
Carnaval : une période unique de festivités et de joie, célébrée dans les rues avec des costumes flamboyants, de la danse, de la musique, de la bonne cuisine et une ambiance électrisante. En Martinique, le Carnaval dépasse toutes les attentes et marque les esprits par son intensité et ses rituels ancestraux.
Jessica Marie de l’office de tourisme de Martinique décrit le Carnaval avec une énergie contagieuse : “Des costumes inventifs, des vidés (des parades dansantes), une musique de tambours traditionnels, mais pas les tambours en acier des autres îles. Ici, ce sont des percussions déconstruites, jouées avec des chachas, des instruments en bambou remplis de sable qui font un son doux, presque magique.”
La passion de Jessica est palpable, et il ne reste plus qu’à se préparer pour une immersion totale dans l’un des Carnavals les plus extraordinaires de la Caraïbe.
Dimanche Gras
Le Carnaval démarre fort dès le dimanche matin, à Fort-de-France, avec le fameux vidé en pyjama. À 4h du matin, les rues s’animent sous les tambours retentissants des groupes de musique et les bradjaks, des voitures peintes et modifiées pour émettre un rugissement assourdissant, réveillent les derniers dormeurs. Le défilé en pyjama n’est que le prélude aux célébrations plus tard dans la journée.
L’après-midi, la foule envahit les rues de Fort-de-France. Costumes colorés, tutus de ballerine, bas résilles, boas en plumes et perruques flashy transforment la ville en un véritable carnaval de couleurs. Chaque groupe de festivaliers suit le groupe à pied de son choix, les célèbres fanfares martiniquaises.
Le roi de cette journée est Vaval, le Roi du Carnaval, révélé pour la première fois au public. Immense statue en papier mâché montée sur un char, Vaval est une caricature souvent inspirée des événements de l’année passée. Cette figure symbolique domine chaque parade, mais son destin sera de finir en cendres le mercredi des Cendres, représentant la pénitence après l’euphorie de Carnaval.
Lundi Gras
À l’aube du lundi, le rythme des festivités ne faiblit pas. Dès 4h30, un autre vidé en pyjama réveille les quartiers avec des tambours et des chants. Ceux qui le souhaitent peuvent s’y joindre en pyjama pour un moment unique de folklore martiniquais.
L’après-midi, le thème de la journée est le mariage burlesque. Les rues de Fort-de-France se remplissent de cortèges parodiques : les hommes se déguisent en mariées extravagantes, tandis que les femmes jouent les maris réticents. Ce spectacle humoristique, où chaque couple fait preuve d’une créativité exubérante, est un moment incontournable de Carnaval.
Mardi Gras
Mardi Gras est la journée la plus festive et colorée de Carnaval. Partout dans le monde, les gens célèbrent Mardi Gras, mais en Martinique, cette journée atteint son paroxysme avec le grand défilé de Fort-de-France. Les groupes de musique venus de toute l’île se rassemblent pour un ultime défilé, où la musique et la danse remplissent chaque coin de rue.
Aujourd’hui, le dress code est rouge et noir, et la fanfare Va K Band mène la marche avec ses 83 membres habillés de tulle jaune, de rubans rouges et de paillettes argentées. Les costumes, tous plus éblouissants les uns que les autres, sont ajustés à la dernière minute dans une atmosphère de frénésie créative. Avec un coup de sifflet de Jessy, le chef du groupe, la troupe se met en marche au rythme des tambours si puissants qu’ils font vibrer les spectateurs jusque dans leurs os.
La parade officielle se termine après le coucher du soleil, mais les festivités continuent de battre leur plein dans les rues où des fêtes improvisées jaillissent à chaque coin, et chacun danse et célèbre jusqu’à l’aube.
Mercredi des Cendres
Le mercredi des Cendres marque le dernier jour de Carnaval, avec un ton plus solennel et mystérieux. Les Martiniquais portent du noir et blanc pour symboliser le deuil de Vaval, qui sera brûlé au coucher du soleil. Fort-de-France se transforme en une mer de costumes noirs et blancs, et les personnages qui émergent ce jour-là sont des figures fascinantes et empreintes de symbolisme.
Parmi eux, les Neg gwo siwo, des hommes recouverts de sirop de batterie et de charbon, marchent dans les rues, terrifiants et mystérieux. Les Mariannes lapo fig, des femmes vêtues de feuilles de bananier séchées, déambulent, tandis que les Diablesses, des femmes vêtues de costumes scintillants, pleurent la fin imminente du Carnaval. On aperçoit également les Touloulous, des femmes complètement masquées et couvertes de plumes, symbolisant le mystère et la tradition.
L’intensité monte à son apogée au coucher du soleil, lorsque la foule se rassemble au bord de l’eau pour assister au bûcher de Vaval. À 19h15, les flammes dévorent l’immense statue de papier mâché, et avec elle, le Carnaval touche officiellement à sa fin. Mais comme les plumes de boas qui flottent encore dans les rues, l’esprit du Carnaval persiste. Les souvenirs, eux, continueront de vibrer, marqués par l’ardeur et la joie d’une Martinique qui sait célébrer la vie comme aucune autre.