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Pirates de la République dominicaine

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C’est la mutinerie à bord de l’Hispaniola, réplique d’un galion du XVIe siècle qui vogue au large de Punta Cana, en République dominicaine. Diablo a réussi à monter son petit groupe de pirates contre le capitaine Jack Blackand pour lui arracher sa carte au trésor. Je participe à une palpitante excursion sur le thème des pirates des Caraïbes, et l’Hispaniola rassemble tous les stéréotypes qu’on s’attend à trouver chez des pirates. Sous son pavillon noir décoré d’une tête de mort, on entend partout des «Aarrgh» et des «Ohé». À tout moment, les boucaniers se lancent dans une chanson ou une danse sans raison apparente, agitant leurs vêtements et accessoires tape-à-l’œil : chemises à fanfreluches dépassant de leurs vestes fantaisistes, pantalons larges retenus par des ceintures à grosses boucles, écharpes colorées, anneaux d’oreilles oscillant à l’ombre des tricornes.

Le capitaine Jack défie Diablo d’un regard que souligne un épais trait de khôl et, soudain, retire son sabre de son fourreau. Voilà qu’une douzaine de pirates se battent, faisant aller leurs poings et tranchant l’air de leurs épées tandis que d’autres fauteurs de trouble se balancent au bout de câbles depuis les ponts supérieurs.

Je suis sous le charme de la mise en scène. Et lorsqu’un filet, déroulé du haut des airs, attrape Diablo et ses pirates rebelles, je crie de joie et prends part aux festivités.

Les pirates: leur place dans nos histoires

Je comprends tout à fait notre fascination pour les pirates. Ces fripouilles s’emparent aisément de notre imaginaire avec leurs trésors enfouis, leurs costumes flamboyants, leurs combats à l’épée, leurs fêtes bruyantes et leur goût pour l’aventure et le danger. Les pirates ont pris tellement de place dans nos histoires qu’on ne voit plus en eux de vrais hommes, mais des caricatures romancées.

L’histoire de la République dominicaine possède une riche composante de piraterie. Au XVe siècle, les pirates se cachaient près de l’île Catalina pour embusquer les vaisseaux espagnols quittant Santo Domingo ou y arrivant. Au XVIe siècle, le légendaire pirate Francis Drake a capturé et pillé la ville de Santo Domingo. De plus, les films Pirates des Caraïbes, dont l’épisode Jusqu’au bout du monde célèbre cette année son 10e anniversaire, ont vu certaines de leurs scènes tournées sur l’île Saona.

t en 2007, on a découvert près de l’île Catalina l’épave du Quedagh Merchant, 300 ans après sa capture par l’un des pirates les plus marquants de l’histoire : le capitaine William Kidd.

C’est le genre de secret que le capitaine Jack Sparrow n’hésiterait pas à fêter avec une barrique de rhum… Mais ironiquement, ce secret vieux de trois siècles n’en est pas vraiment un, puisque l’épave repose à seulement trois mètres de la surface et à 25 mètres de la côte de l’île Catalina. Les pirates d’autrefois se moqueraient sûrement d’un trésor aussi mal caché !

Et pourtant, il est bien là, le Quedagh Merchant, ce navire disparu en 1699 après sa capture par le tristement célèbre capitaine William Kidd.

Le capitaine Kidd : un nom qui ferait trembler la plus solide des carènes ! La légende dépeint cet Écossais comme un boucanier dont la vantardise et la moustache semblaient sans fin. Il brandissait facilement son sabre, buvait du rhum à grandes lampées et parcourait les mers à la poursuite de navires à surprendre.

L’histoire du Quedagh Merchant est probablement l’une des plus emblématiques de la piraterie. Le 30 janvier 1698, le capitaine Kidd apercevait ce navire arménien de 400 tonneaux, chargé d’une cargaison précieuse, qui naviguait le long de la côte indienne. La chasse était lancée, mais très vite, incapable de rivaliser avec les 34 canons de son assaillant, le Quedagh Merchant se rendait sans opposer de résistance.

En capturant un prix d’aussi grande valeur, le capitaine Kidd assoyait sa renommée. Mais recherché par le gouvernement britannique, Kidd abandonna le Quedagh Merchant à l’île Catalina en 1699 et en cacha le butin.

Les chasseurs de trésors ont longtemps écumé les eaux de la région pour tenter de retrouver le Quedagh Merchant et son trésor. Ce n’est qu’en 2007, toutefois, soit 300 ans après sa disparition, qu’un plongeur a repéré l’épave près de l’île Catalina.

Or, le trésor n’était pas au rendez-vous.

X – Plonger la recherche de l’épave du Quedagh Merchant 

Dès le moment où je plonge dans la mer battue par les vents, au large de l’île Catalina, le monde au-dessus de moi s’évanouit. Je m’échoue dans un autre espace temps. Je vois un canon solitaire étendu sur le sable, envahi par les algues. Je peux imaginer son bruit assourdissant, aujourd’hui noyé dans l’eau, à jamais silencieux. Un banc de poissons-demoiselles à rayures noires passe tout près, et je les suis jusqu’à un monticule de coraux et de balanes.

En m’approchant, je constate que ce monticule est en fait constitué d’un amas de canons et d’ancres colonisé par les créatures marines. Quant à ce poisson demoiselle qui vient de passer tout près, on dirait qu’il a trois yeux, mais celui du côté de la queue est en réalité une tache destinée à déjouer ses prédateurs.

Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être.

Ainsi, le capitaine Kidd n’était pas vraiment un pirate, mais plutôt un marin respecté que le roi d’Angleterre avait engagé pour capturer et piller les vaisseaux ennemis ou pirates, et pour ensuite répartir le butin recueilli entre les nobles qui finançaient ses expéditions. Kidd a capturé le Quedagh Merchant en croyant qu’il s’agissait d’un navire ennemi, mais lorsque les puissances internationales l’accusèrent de piraterie, le roi et sa suite jetèrent le blâme sur Kidd. L’infortuné capitaine fut ensuite pendu à Londres en 1701.

Kidd avait laissé le Quedagh Merchant à l’île Catalina en pensant pouvoir y revenir… sauf que les hommes à qui il avait confié le navire le brûlèrent et le laissèrent partir à la dérive. L’épave calcinée du bateau est aujourd’hui presque complètement avalée par le fond marin : il en reste, éparpillé autour, 26 canons et trois ancres. L’histoire du butin caché du capitaine Kidd a enflammé bien des esprits dans le monde entier.

Et le trésor, alors? Dans son célèbre roman L’île au trésor, Robert Louis Stevenson a dessiné une carte supposée mener au trésor enfoui de Kidd. Edgar Allan Poe a quant à lui fouillé en imagination le coffre de Kidd dans sa nouvelle Le scarabée d’or. Toutefois, les archéologues sous-marins de l’Université de l’Indiana qui ont passé l’épave du Quedagh Merchant au peigne fin n’ont trouvé aucune trace de richesses.

Malgré tout, quand on nage dans ces eaux, il est difficile de ne pas imaginer que notre œil de plongeur averti saura capter le reflet d’une pièce d’or parmi les coraux. Et tandis que les rayons du soleil pénètrent dans l’eau, les mots de Poe me reviennent en tête : «Les rayons des lanternes tombaient dans la fosse, et faisaient jaillir d’un amas confus d’or et de bijoux des éclairs et des splendeurs qui nous éclaboussaient positivement les yeux.»

Je ne trouve bien sûr aucun amas d’or ou de bijoux, mais en nageant parmi les fantômes du passé, je sens que je franchis les limites de leur domaine sacré. Le monde sous-marin commence à me hanter, comme si je me trouvais à la frontière entre notre monde et l’au-delà. Ce cimetière marin constitue peut-être le meilleur repos pour le navire au destin tragique, capturé par un homme qui chevauche lui-même la frontière entre légende et réalité.

Alors je m’éloigne peu à peu, avec ce sentiment d’avoir percé le secret d’un monde mystérieux que la plupart des gens ne découvriront que par hasard dans leur imagination. Et le butin qui était à bord du Quedagh Merchant?

«Si vous aviez été à la place du capitaine Kidd, abandonnant volontairement un navire, qu’auriez-vous fait avec sa précieuse cargaison?», me demande sur un ton taquin Charles Beeker, archéologue sous-marin de l’Université de l’Indiana, dont l’équipe a identifié le Quedagh Merchant.

Autrement dit, le trésor existe toujours quelque part…

Suivez les traces des pirates en République Dominicaine

  • En plongée libre ou sous-marine, explorez l’épave du Quedagh Merchant, un musée vivant près de la côte de l’île Catalina, avec Scubafun Dive Center
  • Voguez vers une aventure conçue pour les plus braves des boucaniers avec l’excursion Pirates des Caraïbes d’Ocean Adventures à Punta Cana

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