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Gravir les 465 marches qui mènent vers la Loma de la Cruz ( la « colline de la croix ») est un pèlerinage qui vaut son pesant d’efforts. Car la grâce attend le marcheur à son sommet, où Cuba dévoile son plus spectaculaire panorama urbain. Encerclée par les collines verdoyantes, Holguin s’offre toute entière. Le temps de reprendre son souffle, et on plonge. Lentement.
« Ce n’est pas La Havane, ici ! C’est calme, c’est tranquille. J’ai besoin de cette atmosphère », confie Saime, une résidente d’Holguin dans la jeune quarantaine.
Dans cette ciudad au charme discret que l’on surnomme la « ville des parcs », la vie coule au son du… son, ce rythme lent descendu des montagnes de l’arrière-pays. C’est la musique de Buena Vista Social Club et de son défunt guitariste et chanteur, Compay Segundo, fils de la région. En soirée, ces airs mélancoliques emplissent la place centrale Calixto Garcia, sur laquelle donne la Casa de la Trova. Au fond de cette boîte à chansons, le sonero Gilberto Candela chante avec passion devant un public conquis. Puis, le rythme s’accélère et le son fait place à la salsa. Les personnes se lèvent les unes après les autres pour danser langoureusement entre les tables, puis envahissent la petite scène.
« Ici, à la Casa, on n’a pas peur d’être naturel. On danse librement ! », lance Saime, soudainement animée par le rythme. Car cette ville paisible sait aussi faire la fête. Surtout à l’heure de la pelota, au stade des Cachorros (les « chiots »). Même si les locaux ne font pas le poids contre les puissants Industriales de La Havane c’est un voisin de banc, un ex-joueur de l’équipe, qui le dit, on comprend que le baseball est le sport national officiel en voyant les estrades comblées par des milliers de jeunes et moins jeunes qui poussent des « Viva ! » et s’époumonent dans une trompette.
Pour ralentir le tempo d’un cran ou deux, on plonge encore plus bas, vers la mer, direction Gibara. En sillonnant les collines et les villages, on arrive une trentaine de minutes plus tard dans cette petite ville de pêcheurs où le temps semble avoir pris une pause. Cette impression, elle pourrait venir des petites barques en bois des pêcheurs qui flottent nonchalamment dans le port, ou encore des murs de ciment grugés par le vent de la mer, difficile d’imaginer que cette ville était autrefois surnommée La Villa Blanca en raison de ses étincelantes façades blanches…
Mais dans cette bourgade, ce sont surtout les toits recouverts de tuiles rouges et les vestiges des fortifications qui trahissent l’héritage du temps passé, celui où l’Espagne régnait sur Cuba. Attablé à une terrasse avec un café cubain, on peut alors regarder le temps filer… ou figer.