Le fado, un blues mélancolique portugais, est né à Lisbonne il y a 200 ans dans les quartiers portuaires de Mouraria, de Bairro Alto et d’Alfama. S’il est omniprésent de nos jours dans les rues étroites, les bars et les restaurants de la ville, le meilleur endroit pour une expérience authentique et intime de fado à Lisbonne est Senhor Vinho, un petit restaurant du quartier résidentiel huppé de Lapa.
Marie-Ève, agente de bord chez Air Transat et grande amoureuse de Lisbonne, est notre guide à travers son trésor d’expériences. Elle adore le fado, et un de ses amis portugais lui a chaudement recommandé Senhor Vinho.
Se découvrir une passion pour le fado
« À mon avis, Senhor Vinho est le meilleur endroit pour écouter du fado au Portugal », affirme la chanteuse Sara Paixão. Cette dernière, dont le nom signifie « passion », explique que la propriétaire de ce restaurant où elle se produit presque toutes les semaines est son idole Maria da Fé, une des plus célèbres chanteuses de fado.
« Étant Portugaise, j’ai grandi sur des airs de fado, lance Sara en riant. Mais c’est quand j’ai entendu pour la première fois Amalia Rodrigues, l’icône de ce style musical, qu’il s’est vraiment passé quelque chose en moi. »
Cette musique, qui est désormais reconnue par l’UNESCO et a son propre musée, transcende la langue.
« Tout le monde comprend le fado, explique Sara. Au début de chaque concert, j’explique au public que l’expérience sera émotionnelle et physique plutôt que linguistique. »
La chanteuse Sara Paixão
Le charme des chandelles
Ce restaurant rustique mais élégant sert des mets traditionnels portugais comme le ragoût de fèves et les fruits de mer grillés et possède une cave bien garnie en vinho verdes. Mais c’est la musique qui vole la vedette : quand les lumières se tamisent et que les voix se taisent, le public est immédiatement captivé par les quelques musiciens et l’interprète, de grandes vedettes comme Aldina Duarte, Francisco Salvacao Barreto et Joana Amendoeira, mais également des chanteurs de la relève comme Sara Paixão, qui roule néanmoins sa bosse depuis une dizaine d’années à Lisbonne, mais aussi ailleurs au Portugal et en Europe. C’est une expérience typiquement portugaise, notamment en raison de la douce mélancolie qui se dégage de ce genre musical.
« La saudade n’existe dans aucune autre langue, souligne Sara. Ce mot exprime le sentiment de nostalgie à l’égard de quelqu’un, de quelque chose ou d’un endroit, et le désir de le retrouver. »
Écouter du fado dans un endroit comme Senhor Vinho par une chaude soirée fait naître à coup sûr la saudade. Et la bonne nouvelle, c’est que ce désir est facile à assouvir en y retournant.