C’est le rire de ma fille à la vue de la grande roue de Bonneveine, son émerveillement en voyant de loin le Château d’If après que je lui eut parlé du Comte de Montecristo, la beauté plus grande que nature des Calanques, notre curiosité en dévalant les petites rues du Panier, la musicalité de l’accent du Sud, les terrasses sous la lune, la sensation de marché à travers des siècles d’histoire, ce sont toutes ces petites choses que l’on penserait appeler « clichés » qui ont fait de notre weekend à Marseille un moment mémorable à chérir toute notre vie.
Un des grands avantages de l’ancienne Massilia est sa situation géographique et sa facilité d’accès. Il est aisé de s’échapper une ou deux journées d’un voyage d’affaires à Paris pour aller prendre un peu de soleil à Marseille. Trois heures de TGV et le tour est joué. Il est aussi facile d’y marquer un arrêt pendant un trajet sur la côte méditerranéenne de la France, ou de prolonger ses vacances cannoises pour faire un tour au Panier et dans les Calanques. La deuxième ville de France est à l’intersection parfaite d’une nature grandiose, d’une histoire fascinante et d’une scène culturelle variée, bref il y en a pour tous les goûts.
Nous rejoignons Marseille par train depuis Paris. Comme ma fille ne rêve que de se baigner, on se rend dès notre arrivée à la plage de Bonneveine au Prado, excellent endroit pour profiter de la chaleur du Sud tempérée par la brise marine. C’est aussi l’endroit idéal pour se remplir la panse d’une bonne pizza sur la terrasse de la Pizza Borely, et ensuite déguster une crème glacée au sommet de la grande roue en appréciant la géographie des environs vue du ciel. À une quinzaine de minutes du centre-ville, c’est une destination facile pour se rafraîchir dans une eau claire et turquoise, même si des galets remplacent le sable. Ici, ce n’est pas tant la beauté de la plage que nous recherchons mais plutôt une baignade accessible à proximité d’autres activités.
Le soir venu, nous dînons à l’excellent restaurant Entre Terre et Mer. Doté de tout le charme de la vieille Europe, le restaurant offre à ses clients de s’installer sur de petites tables à même le pavé de la
rue du Panier et dans une petite ruelle adjacente font office de terrasse. Après avoir reçu notre premier plateau de charcuteries à partager, une chanteuse de flamenco et de jazz se met de la partie avec son pianiste dans la petite ruelle du restaurant, donnant à la soirée des airs de concert en plein air. Les fruits de mer y sont tout aussi délicieux que les viandes et nous terminons notre journée en flânant dans le labyrinthe des petites rues du Panier. Ce quartier est le plus vieux de Marseille, juché sur une colline en plein cœur de la ville, et il abrite de nombreux squares, des rues entrelacées avec mille et un escaliers, des habitations aux portes anciennes, aux volets de bois et aux couleurs de Provence, des dédales de ruelle derrières de vieux murs de pierre, de petites boutiques d’huile d’olive et de savon de Marseille, et des boulangeries aux parfums les plus exquis les uns que les autres.
C’est d’ailleurs dans une de celles-ci que vous pouvez bien vous remplir la panse un samedi matin, avant de marcher dans les calanques. Dès que l’on entre chez Dame Farine le succulent parfum des croissants au beurre nous ouvre l’appétit. On y déguste une ou deux viennoiseries trempées dans un bon cappuccino pour le plaisir de ne rien manquer, puis on se prend deux belles baguettes pour la route.
Notre prochaine destination est la Calanque de Callelongue, un minuscule petit village donnant sur une petite crique de pêcheurs qui abritent une vingtaine de barques colorées. C’est la porte d’entrée de notre randonnée pédestre dans les Calanques. On y arrive en voiture par une route escarpée, et on se stationne sur le haut d’une falaise donnant vue sur le paradis qui nous attend. Notre aventure commence après avoir contourné à pied la crique, son restaurant et quelques maisons. Nous sommes donc en route pour Marseilleveyre, une Calanque accessible uniquement à pied ou par bateau.
Heureusement que nous avons de bonnes chaussures car la marche est d’environ une heure et demie sur des rochers et des petits chemins de terre sèche uniquement. Il fait chaud et le soleil tape fort, crème solaire crème solaire et crème solaire mais le paysage est si grandiose, si vaste, si impressionnant qu’on ne se plaint pas de l’intense chaleur. L’azur de la Méditerranée, l’infinie chaîne de rochers, les îles, les bateaux qui passent de temps en temps, on souhaite presque que la marche dure plus longtemps. Puis, au détour d’un rocher, on l’aperçoit au loin, la Calanque de Marseilleveyre . Nichée au creux d’une minuscule baie, la plage apparaît comme un miracle! Juste au moment où on pensait commencer à fondre!
Plus on approche de la crique et plus le rêve devient réalité. L’endroit est si reclus que le petit restaurant qui s’y trouve n’est approvisionné que par bateau et comme il n’y a ni eau courante ni électricité, il fonctionne à la génératrice. Apportez-vous de grandes bouteilles d’eau. Vous ne le regretterez pas. Prévoyez au moins 5 heures de votre journée pour profiter de l’endroit. Avec les 2:30 de marche, l’activité occupera huit heures de la journée et croyez-moi, vous voudrez y passer le plus de temps possible. L’eau y est fraîche, beaucoup plus fraiche que ce à quoi on s’attend mais c’est parfait, la journée est si chaude. On s’y baigne sans s’en lasser, on prend une pause crème glacée au petit restaurant Chez le belge, on lit de longues heures sur la plage mi- galets mi-sable, on explore les recoins des rochers sous l’eau, on se construit un souvenir ineffaçable.
Après la marche du retour et le plus beau coucher de soleil du monde, on dîne à Callelongue dans la charmante cour intérieure du restaurant La Grotte, sous un ciel brillant d’étoiles, à l’ombre du Massif. Une succulente pizza au four à bois nous est servie, accompagnée d’un excellent vin. La journée est un succès sur tous les points.
Notre dernière matinée est consacrée au Vieux-Port de Marseille. La Cathédrale Sainte-Marie-Majeure (ou Cathédrale de la Majore) s’y tient debout, majestueuse, bariolée de marbre blanc et de porphyre. Le
monument a été construit durant la deuxième moitié du XIXe siècle dans un style byzantin, sur un site d’autres églises avaient déjà été construites, dont une à l’époque paléochrétienne. On y découvre un intérieur joyeux et coloré, de marbre blanc et rose.
À quelques pas de là se trouve le Mucem, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, un lieu entièrement dédié à l’Histoire, l’art et la sociologie du bassin méditerranéen. Ce musée pittoresque tout neuf (érigé en 2013) est situé au bord de l’eau, séparé par un petit canal du Fort-Saint-Jean (datant du 17 e siècle) qu’il relie par un pont piétonnier, et à côté de l’ancien terminal portuaire J4.
On le dit fait de pierre, d’eau et de vent, et rien ne saurait être plus vrai… Son architecture marie à la perfection la mer, la vue de la ville et du port, le respect de l’histoire et l’élan de la modernité, sans jamais sacrifier une once de sa beauté. Un énorme coup de cœur pour nous. Comme d’ailleurs tout le Marseille que nous avons pu voir.
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